Retour à "La Terre : planète vivante. Quelques extraits"


La machine est lancée

La machine que nous avons lancée ne s’arrêtera pas de sitôt. Ni les conditions politiques, ni les progrès technologiques prévisibles de semblent pouvoir s’opposer efficacement à son mouvement. Nous devons donc nous préparer à voir, dans le siècle à venir, nos climats et nos paysages évoluer.

La première réaction, devant cette perspective de changement est de le regretter, ce qui revient à dire que l’on considère tacitement que la situation actuelle est la meilleure qui puisse être. Rien ne permet de le dire, et l’homme, depuis qu’il est sur terre, a vu toutes sortes de climats auxquels ils s’est adapté. Pendant le plus fort des glaciations, nos montagnes, caparaçonnées de glace, devaient être d’une éblouissante blancheur : nous devrions regretter de n’avoir pas vu ce magnifique spectacle. Nos descendants ne verront peut-être plus du tout de glace sur les Alpes. Le regretteront-ils ?

En fait, il est difficile de dire que la situation de demain ne vaudra pas celle d’aujourd’hui. Mais cette appréciation moyenne ne vaut pas régionalement en termes économiques. Certaines régions y perdront, d’autres y gagneront, notamment dans le domaine agricole. Les progrès des modèles climatiques permettent déjà d’avoir quelques idées à ce sujet et montrent, en tous cas, que cette préoccupation devrait être prise au sérieux par les Etats. Malheureusement, les rythmes de la vie politique ne sont pas ceux des changements climatiques et il est difficile de demander à un responsable élu pour 4 ou 5 ans de bâtir un programme électoral sur des préoccupations dont le tempo est 10 ou 20 fois plus lent. C’est pourquoi il est essentiel qu’il y ait une prise de conscience des populations sur l’importance de ces problèmes pour que la pression d’une opinion publique informée motive suffisamment les responsables politiques vers l’examen sérieux et la prise en compte de ces problèmes.

Faire face à ces modifications climatiques demandera des efforts considérables. Les esprits optimistes imagineront que, sous ces contraintes, les sociétés réagiront positivement pour faire avancer vers la civilisation notre monde qui, on le voit quotidiennement, est encore à demi-sauvage. C’est sans doute ce que penseront de nous ceux qui nous succèderont dans quelques siècles, comme nous le pensons de ceux qui nous ont précédés.