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Biodiversité, évolution

     Seule de toutes les planètes du système solaire, la Terre comporte de la matière vivante. Pour souligner la presque continuité de cette matière vivante à la surface du globe, et en évoquer l’analogie avec les enveloppes de la planète, comme la lithosphère, l’hydrosphère, l’atmosphère, on a forgé pour elle le terme de biosphère. La stabilité de l’équilibre de cette biosphère tient, pour beaucoup, à la variété des espèces qui la constituent, que l’on désigne sous le nom de biodiversité. Cette multitude d’espèces forme un immense réservoir de possibilités d’adaptation aux éventuelles variations des milieux. Bien que les auteurs soient loin d’être d’accord sur les chiffres, on peut raisonnablement dire qu’il existe aujourd’hui environ 500 000 espèces marines et 12 millions d’espèces terrestres, dont les 9 dixièmes sont constituées par des insectes ; en fait, moins de 2 millions sont connues et beaucoup auront disparu avant même qu’on ne les identifie.

     Deux propriétés sont propres à cette matière vivante : celle d’avoir une descendance qui évolue ; celle d’occuper des milieux variés.

     L’évolution des espèces est un phénomène qui nous a été révélé par l’étude des fossiles. Déjà, la considération des ressemblances existant entre les très nombreuses espèces vivantes était difficile à expliquer sans évoquer quelque cousinage entre elles. Mais la découverte de l’existence, dans les temps géologiques, d’espèces pouvant passer pour les ancêtres communs d‘êtres vivant aujourd’hui a conduit à penser qu’il existait une parenté entre ces espèces, représentable par un arbre généalogique. Ainsi s’est imposée l’idée de l’évolution des espèces, leur diversité d’aujourd’hui résultant d’une différenciation au cours des âges à partir d’un stock restreint d’êtres vivants primitifs. Bien que parfois contestée pour des raisons non scientifiques, cette idée est aujourd’hui très largement répandue car elle n’entre pas en contradiction avec la multitude de faits connus. Elle rend en particulier bien compte de ce que l’on sait depuis peu concernant l’ADN (acide désoxyribonucléique) qui, dans les cellules vivantes, est le porteur du message héréditaire et qui, chez tous les êtres vivants où l’on a pu l’étudier, comporte des analogies très marquées qui s’expliquent sans difficulté si ces espèces sont apparentées.

     L’occupation d’espaces variés par les êtres vivants n’est pas sans rapport avec leur évolution. En effet, selon les milieux habités, les modes de vie diffèrent et les organes présentent des adaptations plus ou moins convenables à ces milieux. Pour expliquer ces adaptations, on suit généralement les idées de Darwin, selon lesquelles de toutes les formes nouvelles qui seraient apparues lors des générations successives seules auraient survécu, et se seraient perpétuées, celles qui auraient résisté à une sélection naturelle imposée par le jeu de la concurrence entre espèces et par les rigueurs des conditions de leurs milieux de vie. Ces idées sont séduisantes, et d’ailleurs aucune autre ne semble sérieusement susceptible de rendre compte mieux qu’elles de la réalité. Cependant le fonctionnement intime de ces adaptations nous est très mal connu, peut-être parce qu’il exige, pour s’accomplir, des durées qui sont hors de portée de nos observations.